Lutte biologique contre les pucerons
Résister aux puceronsLe temps est superbe, c'est une invitation à un petit tour au jardin. Tout en flânant, nous remarquons une multitude de petits points sur les feuilles des rosiers et aussi sur le pommier, …et sur les salades, les choux, les haricots ! Leur couleur varie selon la plante : jaune, vert, rose, gris-brun, noir. En y regardant de plus près, nous découvrons que ces points sont allongés et ont six pattes, une tête portant deux longues antennes et un abdomen se terminant en pointe et, chez la plupart, muni de deux petits tubes. Ce sont des pucerons, les ennemis n°2 du jardinier, les limaces ayant l'honneur de figurer en première place !
Bestioles omniprésentesLes pucerons sont des insectes de la famille des Aphididae, appartenant à l'ordre des homoptères, donc suceurs de sève. En Europe, il en existe près d'un millier d'espèces, de toutes sortes de couleurs. Leur cycle de vie est particulier. La plupart hivernent sous forme d'œufs, déposés dans les écailles des bourgeons, dans les fentes de l'écorce des arbres ou sur des plantes pluriannuelles.
Si les conditions environnementales leur sont défavorables (trop peu de lumière, plante hôte en mauvaise santé, population de pucerons trop dense …), on voit apparaître des formes ailées qui vont fonder d'autres colonies; les plantes vertes sont préférées, telles que les annuelles sauvages ou cultivées comme celles du potager.
L'appétit est bon
Pour extraire de la sève une quantité suffisante de protéines ou d'acides aminés (substances azotées), le puceron doit en sucer une quantité énorme, qu'il rejette ensuite par l'anus. C'est le miellat, liquide sucré collant qui recouvre les végétaux atteints.
Bataille pour le miellatLe miellat est très apprécié par les ennemis naturels des pucerons, ainsi que par certaines abeilles et … par les fourmis. Ces dernières ne tuent donc pas les pucerons; au contraire, elles les protègent, au point de combattre tout ennemi qui oserait les approcher, comme par exemple une coccinelle. Le miellat est souvent contaminé par un champignon, ce qui se traduit par un enduit noir sur les feuilles et les fruits: la fumagine.
Un jardin en bonne santéHeureusement, les pucerons ne sont pas les seuls visiteurs du jardins. Leurs ennemis naturels y sont normalement nombreux : oiseaux insectivores, coccinelles, carabes, cantharides, forficules, chrysopes, syrphes, certaines punaises (famille des Reduviidae), ichneumons, araignées,… La présence de cet ensemble de ravageurs et d'auxiliaires (prédateurs des ravageurs) témoigne de la bonne santé du jardin. Un jardin sans pucerons (où on a pulvérisé force insecticides) est un jardin stérile. Il n'accueillera ni coccinelles, ni insectes pollinisateurs. L'essentiel est de maintenir l'équilibre de l'écosystème et donc de rectifier éventuellement l'un ou l'autre facteurs au cours des saisons.
Contrôle des puceronsPREVENTION, la meilleure méthode. L'objectif est la bonne santé du jardin; pour ce faire, il y a 4 points à retenir:
Lutte directeDisons d'emblée qu'il ne faut pas exterminer jusqu'au dernier puceron car beaucoup d'auxiliaires vivent grâce à eux. Il faut toutefois réagir aux infestations. Les techniques sont simples:
Si toutes ces mesures ne viennent pas à bout des envahisseurs, il reste le recours aux produits à base de pyrèthre ou de roténone (insecticides naturels). Mais vraiment, il faut limiter cette opération à des cas tout à fait spéciaux car, bien que naturels, ces produits sont des insecticides; ils ne font pas la différence entre les "bons" et les "mauvais"! Et d'ailleurs .. mauvais pour qui? (*)
Décoctions végétales anti – pucerons
Purins végétaux anti – pucerons
Sources
Pour tout renseignement sur les pesticides :
Les coccinelles à la rescousse!Si tu dis "puceron" … je réponds "coccinelle". La coccinelle est devenue le symbole de la lutte biologique. La plupart de nos espèces indigènes sont en effet grandes prédatrices de pucerons; les larves sont particulièrement voraces. D'où l'intérêt d'attirer ces insectes au jardin et de ne pas utiliser de pesticides chimiques. Comme l'homme se veut toujours plus performant, il lui est venu l'idée de multiplier ces précieux auxiliaires par élevage, afin de pouvoir en inonder des cultures infestées de pucerons. La méthode est intéressante pour les cultures en espaces confinés (par ex .les tomates en serre). La pollinisation des fleurs exigeant la collaboration d'insectes (bourdons), il est exclu d'utiliser des insecticides pour combattre les pucerons dans ces espaces.
Malheureusement, Harmonia axyridis possède des atouts que n'ont pas nos espèces indigènes. En cas de pénurie de proies (pucerons dans ce cas-ci), il y a lutte entres les espèces prédatrices: Harmonia et une coccinelle indigène (par ex Adalia bipunctata). Harmonia sort gagnante de la lutte car elle dévore les larves de la Coccinelle à 2 points, tandis que ses propres larves sont protégées par un recouvrement épineux et ne peuvent donc pas être mangées ! Et la catastrophe annoncée se vérifie, l'envahisseuse progresse. En cet été 2007, Harmonia est bien présente tandis que la Coccinelle à 2 points devient rare. Source: Branquart Etienne, 2006, "Risques liés à l'introduction d'ennemis naturels exotiques pour la lutte biologique". Exposé, Centre Paul Duvigneaud, avril. |